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ludovicgermont

Développement personnel, une pseudo science?

Dernière mise à jour : 7 mai 2023

Critique personnelle de l’article « Développement Personnel » de Wikipédia

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On parle beaucoup de développement personnel. Je ne m’y suis intéressé que lorsque j’ai créé deux sociétés en 2012, parce que j’avais besoin de mieux comprendre la psychologie humaine dans un contexte très différent du cabinet. A cette époque, la psychologie clinique ne parlait que de pathologies, et la psychologie positive se développait de plus en plus…

J’ai commencé par les best seller: Carnégie, Cialdini, Robbins, Goleman, Seligman… puis j’ai vite bifurqué vers les chercheurs de Harvard et autres universités américaines en psychologie sociale: Ben-Shahar, Mc Gonigal, Branden, Baumeister, Barrett, Kahneman…

J‘apprécie modérément les auteurs français trouvant leurs écritures trop universitaire, et puis très clairement la recherche reste américaine, les autres les reprennent, alors autant lire Dieu que ses saints.

J’ai bien aimé ces bouquins de développement personnel que j’ai lu, mais, et c’est l’époque qui voulait ça, ils n’étaient pas bien sourcés (études, références…) alors que ceux de chercheurs l’étaient. Ça fait une sacrée différence. Quand j’étais en seconde, ma prof de science nat nous avait fait un laïus sur la nécessité de vérifier tout ce qu’on nous disait - une visionnaire ! Ça m’a marqué. Et comme j’étais très critique sur le monde, ça me convenait bien. Et pourtant je me suis dirigé vers l’ostéopathie car je trouvais l’idée et l’intérêt de manipuler le corps comme assez intuitive, logique et cohérente. Bon, au final c’était beaucoup moins carré que ce à quoi je m’attendais !

Mais revenons à nos moutons: le développement personnel est un ensemble hétéroclite de pratiques, qui ont pour objectif l'amélioration de la connaissance de soi, la valorisation des talents et potentiels, l'amélioration de la qualité de vie, la réalisation de ses rêves. Programme plutôt sympa. La notion de développement personnel recouvre plusieurs domaines: management, vente, New Age, coaching, éducateurs, thérapeutes… Oui c’est large donc fouilli.


Un peu d’ histoire

Le développement personnel trouve ses origines en France, en Allemagne et aux États-Unis du XVIIIe siècle avec Benjamin Franklin et ses livres pragmatiques pour réussir dans la vie et dans les affaires. On y mélange du Jung (1921): théories managériales (surtout ses différents types psychologiques), la méthode Coué (1926), Adler (1930) qui a l’idée du concept de « style de vie », approche personnelle de la vie, où chacun se forge une image de soi et a sa manière de faire face aux problèmes. Dale Carnegie (1936) écrit des livres vendus à 40 millions d'exemplaires très appliqués chez les vendeurs et les managers. Maslow (1943) s’ intéresse aux besoins de l'homme, dont le plus élevé est le désir de réalisation de soi. Peale écrit « le pouvoir de la pensée positive (1952) décrivant comment transformer ses émotions négatives en attitudes positives. La PNL (1975) modélise les « savoir-faire » (compétences) et les « savoir-être » (attitudes, convictions, valeurs, estime de soi) de gens de talents dans leur domaine pour les retransmettre à ceux qui en ont besoin. Cela vise à améliorer des compétences personnelles (gestion de conflit…) ou relationnelles (prise de parole en public…) ou encore aide au dépassement de soi (« je n'y arriverai pas »). En 1998, Martin Seligman, président de l’Association Américaine de Psychologie, créé la psychologie positive: « Nous avons découvert qu’il existe un ensemble de forces humaines qui constituent les meilleures défenses contre la maladie mentale: le courage, l’optimisme, les compétences relationnelles, l’éthique du travail, l’espoir, l’honnêteté et la persévérance… ». Dénoncée comme pseudo-science par certains chercheurs, la psychologie positive est devenue une véritable « industrie du bonheur » qui brasse des milliards de dollars (formations, coachings, stages, et beaucoup de best-sellers).

Quand on lit l’intégralité du texte de Wikipedia, on est frappé par la partialité de l’article. Cela transpire d’un mélange de jalousie et d’intégrisme, car enfin, la psychologie positive reste de la psychologie sociale avec de très nombreuses études universitaires en référence !


Alors les critiques:

- le changement peut être trop radical et trop rapide avec des risques de destabilisation de personnalité: ça ça m’a fait rire, j’ai trouvé ce pseudo argument juste énorme, si les gens changeaient aussi vite de personnalité ça se saurait ! Cette mauvaise foi magnifique.

- ca conduit à la procrastination et à l’isolement (crainte de l’incompréhension, de la moquerie). Deuxième argument extrêmement bancal. D’abord la procrastination est partagée par un nombre conséquent de gens et s’appelle le manque de volonté de ne pas faire, ainsi le terme est extrêmement mal choisi. Ensuite personne n’a besoin d’etudier le développement personnel pour procrastiner ! Enfin la crainte de l’isolement est une vaste blague: ça s’appelle avoir des idées et des croyances qui ne sont pas partagés par tous, il en va de même de la religion, la politique, le covid… La réthorique reste intellectuellement très limité, et ça ça pose question ! Quand on fabrique un argumentaire artificiel, on peut se demander pourquoi?

- c’est du business et ça rapporte des milliards: et alors? Qu’est ce qui existe et qui n’est pas du business? On touche là à des conceptions de critique morale et ça commence à répondre à la question ci dessus.

- il y a de tout et n’importe quoi: oui, mais le monde est ainsi fait, à chacun de trier.

- dérives sectaires, new âge teinté d’oriental à la sauce aucune preuve d’efficacité: oui, voilà un premier argument qu’on ne peut pas nier. La sauce Dev perso est récupérée par divers courants qui vont faire nager en eau trouble les adeptes attirés par des chants de sirènes. Quand une personne est fragile, les risques de faire des mauvais choix sont plus grands.

- aucune formation n’est nécessaire ou validée, pas encadrée par l’état: oui ça c’est un vrai argument ! Mème si Lao Tseu, Bouddha, certains philosophes n’ont pas été encadré par l’état, ils n’ont pas raconté que des âneries et je reste surpris de lire des écrits qui ont 2500 ans et qui restent si justes et si pertinents. Mais aujourd’hui nous vivons dans un monde ou on dit tout et son contraire encore plus massivement qu’avant. Et il faut être formé à l’analyse critique qui nous permet de nous absoudre, un peu, de ce qui nous semble intuitif. Ça prend du temps. Après, en faculté il y a eut des efforts de fait en ce sens mais on ne peut pas dire que dans les études un peu scientifique, les étudiants soient véritablement armés à cela. Alors, oui, il serait souhaitable qu’il y ai un encadrement minimal. Internet voit fleurir des coachs aux formations variables qui sont de bons commerciaux, mais pour être connu aujourd’hui comme hier, il faut un savoir faire (et un savoir être). Après, le public veut entendre ce dont il croit déjà... Qu’il soit formé correctement ou non, qu’il dise des absurdités ou non, du moment que cela correspond à ses propres croyances, l’état ne pourra jamais réguler cela.

- pas assez de preuves alors que cela sert de support principal pour le recrutement, le management, la vente…

Ça c’est vrai. Les méthodes de recrutement sont largement fantaisistes car la personnalité se révèle en fonction du contexte et des autres (Kahneman, prix Nobel). En ce qui concerne la vente, elle n’a pas attendu le développement personnel pour se paufiner avec 50000 ans d’histoire ! Il peut manquer de preuves mais il en existe vraiment beaucoup néanmoins. C’est assez facile de faire une critique générale et j’ai rarement lu des exemples sur des manques de preuves précis, comme c’est étrange.

- Il reste intéressant de lire les avis critiques dont celui de Steve Salerno (2005) qui décrit la non efficacité pour atteindre ses buts (je n’ai pas lu son article, mais cela suppose une étude avec une méthodologie fiable sur l’évaluation de cette non efficacité, j’ai comme des doutes sur l existence de ces études). 80 % des clients du développement personnel sont des clients répétés qui continuent à y revenir, que le programme les ait aidés ou pas (Ceci étant, évoluer prend des dizaines d’années ! Je dis ca, je ne dis rien ;-) …).

- Les auteurs de livres de développement personnel ont été décrits comme travaillant dans le domaine idéologique, imaginaire, le narratif, bien qu'un vernis de science recouvre parfois leur travail. Il y en a beaucoup en effet. Et beaucoup de copies de copies. D’ailleurs les principaux Français ne sont que des clones de Tony Robbins, lui même un assistant de Jim Rohn. Mais ils reprennent des modèles établis pour bon nombre d’entre eux. Pas toujours actualisés cependant.

-Les sociologues Edgar Cabanas et Eva Illouz, auteurs de Happycratie : Comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies mettent ainsi en garde contre cette prétendue « science du bonheur ». Ils considèrent que cette obsession d'un bonheur quantifiable mène bien souvent à des comportements anti-sociaux, au narcissisme et à de nouvelles frustrations.

Possible. Mais l’égoisme excessif, l’égocentrisme, le manque d’empathie restera bien pire ! Je trouve ces considérations assez violentes. Suggéraient ils de prôner le malheur? Et d’ailleurs aucun ne parle de bonheur quantifiable ! Petite hérésie. Je leur rappelle que le bonheur est un sentiment et que l’idée est plutôt la recherche de la satisfaction de vie. Ensuite qu’ils vont tous dans un sens qui est juste l’inverse de comportements antisociaux !!!

-Certains s'étonnent de l'écart entre les promesses spectaculaires du développement personnel et l'absence totale de qualification de ses praticiens: « C'est fou qu'on ne demande pas d'expertise ! Ça ne viendrait à l'idée à personne de se faire opérer du genou par un type qui a fait 18 mois d'études ; on préfère un chirurgien qui a fait 12 ans. Pour l'esprit, apparemment, on est plus laxiste. Pourquoi ? » Julia De Funès. Allez, je suis plutôt d’accord avec elle sur le fond !

-Ses promesses de bonheur seraient susceptibles d'abuser la vulnérabilité de certaines personnes pour présenter un danger pour la santé et certains groupes sectaires comme la scientologie ont été accusés de se servir des formations au développement personnel pour recruter de nouveaux adeptes. Ainsi, santé et bien-être représentent 40% des signalements de dérives sectaires en France en 2020.

Intéressante donnée a garder en tête. La est le véritable travers, pas du Dev perso, mais de son détournement.

-Le médecin et criminologue Jean-Marie Abgrall publie:

« Profitant de l’attirance grandissante du public pour les thérapies alternatives et les médecines douces, les groupes les plus divers investissent, depuis plusieurs décennies mais plus encore aujourd’hui dans des proportions inquiétantes, le domaine de la santé et du bien-être par une multitude d’offres de soins et d’accompagnement au développement personnel, assorties de promesses de guérison et de vie harmonieuse ici-bas et même au-delà. Ce succès génère des risques divers, depuis l’escroquerie pure et simple jusqu’à la dérive « thérapeutique », voire sectaire au sens des critères retenus par les pouvoirs publics. »


Conclusion:

Oui il y a tout et n’importe quoi dans le développement personnel, comme il y a tout et n’importe quoi aujourd’hui en terme d’information. Je pars du principe qu’il faut évoluer avec les sources les plus fiables et démontrés scientifiquement et qu’on peut rester ouvert sur des pistes non démontrés aujourd’hui. Je ne lis pas les croyances non démontrables, ce n’est juste pas ma sensibilité.


Le développement personnel apporte une meilleure connaissance des comportements humains. Pour certains, il augmente la confiance en soi, permet d’élargir son cercle social, favorise la réalisation de soi, augmente la motivation (mais ce n’est pas la meilleure méthode), et ça donne souvent du sens à la vie. C’est donc plutôt positif. A l’inverse, la rigidité, les querelles de chapelle, la mauvaise foi, le dogmatisme et l’égo n’apportent pas grand chose à personne.


Reste à choisir ses auteurs et trier. Lisez ce que vous voulez tant que ça vous fait du bien. Après tout, c’est du bien être pour l’esprit. Personnellement je choisi mes auteurs comme suit:

- ils ont fait une conférence TED et pas TEDx, car comme une maison d’édition, TED choisi les speakers les plus reconnus internationalement dans leurs domaines alors que TEDx, c’est plus local et aléatoiré.

- ils sont chercheurs,

- puis je regarde la date de publication réelle sur leurs sites pour être sûr de la récence.

- enfin je vérifie parfois sur pubmed ou chatgpt les études contradictoires.


Voilà j’espère que cet avis critique vous a été utile, même s’il peut sembler partial. J’ai essayé non pas de défendre de DP, mais plutôt de montrer à quel point certaines critiques peuvent être absurdes. Et quand certaines critiques sont absurdes, il est permis de réfléchir sur les raisons et les buts de ceux ci. J’en vois 2: l’élitisme universitaire, ils ont fait des études 5 à 8 ans en fac et considèrent être les détenteurs du savoir. Sauf que bon nombre d’auteurs ont les mêmes études qu’eux. De 2 la jalousie et l’injustice ressenti: pourquoi des auteurs sans études universitaires auraient un succès jusqu’a avoir des sociétés cotés en bourse à hauteur de 400 millions de dollars ? (Robbins). Cela m’intéresse d’avoir vos avis sur le sujet, votre expérience, ou si vous partagez ici les livres qui ont changé votre vie. Moi c’est clairement le premier que j’ai lu: «comment se faire des amis« de Carnêgie qui a profondément changé ma façon de percevoir les relations sociales.

Bonnes lectures

Ludovic



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